Temps monochrone et polychrone

, par  Béatrice , popularité : 11%

Quelle est votre conception du temps ?

L’opposition du temps « monochrone » des Occidentaux et de celui « polychrone » de bon nombre de sociétés non occidentales, est parlante.

Dans The Silent Language (1959), Edward T. Hall introduit le néologisme « polychronique » pour décrire la capacité à assister à de multiples événements simultanément, par opposition à « monochronique » (individu ou culture qui gère les événements séquentiellement).

Qu’est-ce qu’être en retard ? qu’est-ce qu’attendre ? par exemple. Le message exprimé là est différent selon qu’il vient d’un Européen, d’un Américain ou d’un Japonais. Ainsi le temps et, plus largement, la culture, sont-ils communication, autant que la communication est culturelle.

Selon l’anthropologue américain Edward Hall, les cultures monochroniques (un « seul temps » en grec) qui prévalent dans le monde occidental sont l’héritage de la révolution industrielle anglaise du XIX siècle.
Elles fonctionnent à partir d’une programmation de toutes les activités, d’une concentration sur chacune d’elle (« une chose à la fois ») et d’un code élaboré prescrivant l’exactitude et la stricte observance des horaires et des engagements qui en découlent.
En effet, le temps est perçu de manière linéaire comme un ruban qui se déroule à mesure qu’on avance et que l’on peut décomposer. Chaque segment reçoit donc une affectation précise et est réservé à un projet parfaitement déterminé.

A l’opposé, les cultures polychroniques programment moins ou pas du tout. L’attention porte souvent sur des objets multiples ; les relations interpersonnelle’s et les interactions gardent le pas sur els plans établis. Dans un système polychronique, on fait souvent plusieurs choses à la fois ; les interruptions ou les changements sont fréquents et acceptés.
Les individus polychrones perçoivent rarement le temps comme « perdu », et le considèrent comme un point plutôt qu’un ruban ou une route, mais ce point est souvent sacré. Un Arabe dira : « Je vous verrai avant une heure », ou : « Je vous verrai après deux jours ». Dans le premier cas, il veut dire qu’il ne s’écoulera pas plus d’une heure avant qu’il ne vous voie, et dans le second, au moins deux jours.

Afin d’illustrer cela, imaginons deux individus, l’un polychrone et l’autre monochrone, qui auraient à un instant donné un agenda identique : les deux personnes ont une même suite de tâches à effectuer, dans le même ordre, avec les mêmes durées et les mêmes dates de réalisation prévues. Arrive un événement imprévu dont résulte une nouvelle tâche. L’insertion de la nouvelle tâche se fera différemment selon la culture. L’individu polychrone réorganise son agenda, il insère la nouvelle tâche sans se soucier des dates prévues, et décale toutes les tâches moins prioritaires. L’individu monochrone considère que les plages de temps déjà occupées sont inamovibles, il repoussera la tâche vers une plage de temps disponible, et ceci quelle que soit l’importance de la tâche.

Les sources :
 http://papiers.creapage.net/PointDeVue/2010/UnCommentaireSurLaPolychronie